La Défense est l’un des pôles essentiels avec les forces de sécurité, qui permet d’assurer la viabilité de l’État et sa survie alors que tout, tout autour de nous, n’est plus que délitement et déliquescence, demeurant dans l’attente que nous restaurions l’efficacité, la probité et le volontarisme dans toutes les sphères de la Nation.
Ceux qui nous ont présidés et gouvernés n’ont cessé pourtant d’affaiblir nos armées et notre crédibilité, en prétendant toucher les dividendes d’une paix qui n’a jamais existé, en réduisant les budgets consacrés à nos forces armées au profit d’une dépense sociale endémique, à fonds perdus, privilégiant l’assistanat et suscitant une fraude aux effets dévastateurs.
Aujourd’hui notre modèle de civilisation universel, occidental et démocratique et notre suprématie sont contestés et combattus par de nouveaux États-puissances, partout à travers le monde et notamment par les régimes intégristes islamiques, de manière ouverte ou larvée. Les ventes d’armes sont en perpétuelle croissance et nos rivaux y consacrent une part toujours plus significative de leurs richesses. La Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde, la Corée du Nord… cultivent des ambitions impérialistes et sont prêtes à s’inscrire dans une logique de prédation territoriale ou l’ont déjà initiée. Ukraine, Taïwan, Haut-Karabakh, Israël… L’avenir est à la guerre. Le droit international ne préserve rien face aux velléités expansionnistes, aux haines ancestrales, aux chocs de civilisations. Les équilibres actuels ne tiendront pas durablement !
Nos armées sont désormais incapables de s’inscrire dans un conflit de haute intensité et nos réserves d’équipements et de munitions sont quasi inexistantes. Nous sommes capables d’intervenir en tous points du globe, dans la durée, avec des effectifs de l’ordre de quelques milliers d’hommes et de femmes, dans une logique antiterroriste ou antiguérilla, mais ils demeurent globalement suremployés, sous-équipés et sous-entrainés.
L’assurance vie de notre nation continue de reposer sur notre capacité de dissuasion nucléaire mais elle obère, au regard de la faiblesse de notre budget de défense, tout ce qui est susceptible d’être fait par ailleurs. Notre dissuasion nucléaire aéroportée notamment n’a plus lieu d’être et notre effort ne doit désormais reposer que sur la seule composante océanique avec nos SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Cela est bien suffisant.
Il est à noter que notre force aéronavale est indisponible un peu moins de la moitié du temps, pour raison de maintenance, puisque nous ne disposons que d’un seul porte-avions. Nous devons planifier la programmation de deux groupes aéronavals complets à l’horizon 2050 pour remplacer le seul Charles de Gaulle. La vision stratégique à long terme doit redevenir l’apanage du politique en lieu et place de l’étroitesse de vue actuelle, focalisée sur le court terme.
Une ambition affirmée, consciente des périls et des menaces, ne peut exister qu’avec un effort budgétaire conséquent. La volonté qui préside à l’avenir de notre défense est strictement la même que celle qui doit être initiée au titre des forces de sécurité. En matière militaire, nous devons porter notre effort à hauteur de 3 % du PIB, soit 80 milliards d’euros en rythme annuel, afin de pallier les conséquences de décennies de sous-investissements. Cet effort se monte actuellement à seulement 50 milliards, à comparer avec la totalité de la dépense publique, soit 1500 milliards d’euros.
Un tel effort, ancré dans la durée et sanctuarisé par des lois de programmation militaire (LPM) contraignantes et intangibles, permettra de reconstituer les stocks de munitions et de pièces détachées indispensables. La moitié de nos blindés, chars, pièces d’artillerie, engins du génie et hélicoptères sont indisponibles faute de pièces. C’est pitoyable. Il faut équiper nos armées avec tout le matériel nécessaire : avions, bateaux, chars, hélicoptères, et accroître la puissance de feu de l’artillerie, comme en témoigne le rôle crucial dans la guerre en Ukraine.
Cela suppose aussi un dimensionnement budgétaire de premier ordre et une volonté politique forte. Sinon, la France poursuivra son déclassement et deviendra une puissance de second rang, exposée aux menaces, y compris sur ses territoires d’Outre-mer et zones économiques exclusives (ZEE).
Il faut également renforcer les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) de 70 000 à 100 000 hommes d’ici 2030.
Dans une logique de défense européenne mutualisée, il est impératif de développer les programmes industriels de coopération, notamment pour remplacer les chars Leclerc et l’avion Rafale. Les armées modernes coûtent cher mais sont le prix de la victoire et de la survie de la Nation.
Cela passe aussi par les moyens les plus spécifiques : franchissements opérationnels, numérisation du champ de bataille, cybersécurité, drones, missiles intelligents, guerre électronique, etc.
Enfin, l’équipement du soldat du futur doit être optimisé : exosquelettes, connectivité, puissance de feu accrue.